Le commentaire du ministère des Affaires étrangères de la République d’Artsakh sur les déclarations faites par le président de l’Azerbaïdjan lors de la conférence de Munich sur la sécurité

Lors de la conférence de Munich sur la sécurité qui s’est tenue le 18 février 2023, le président azerbaïdjanais a fait un certain nombre de déclarations visant à déguiser la politique criminelle de l’Azerbaïdjan envers le peuple d’Artsakh et à déformer l’essence du conflit du Karabagh en en renversant la relation de cause à effet.

En particulier, le président de l’Azerbaïdjan a une fois de plus tenté de réfuter le fait évident du blocus de l’Artsakh, qui a été reconnu par la communauté internationale, à l’exception de l’Azerbaïdjan lui-même. Pour fonder ses affirmations, le président azerbaïdjanais a rapporté les données relatives à la circulation de 2 500 véhicules pendant toute la période du blocus, omettant de préciser que ceux-ci appartenaient tous au contingent russe de maintien de la paix et au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), évacuant notamment vers des hôpitaux en Arménie de 100 patients. Ces données prouvent pourtant exactement le contraire de ce que prétend Bakou. Pendant les 73 jours du blocus, moins de voitures ont traversé le corridor de Latchine qu’en trois jours avant le blocus. Tous les véhicules empruntant le corridor de Latchine appartenaient soit au contingent russe de maintien de la paix, soit au CICR. D’autres véhicules appartenant à des citoyens de la République d’Artsakh, y compris aux autorités, ou bien effectuant des transports de marchandises ne peuvent plus traverser le corridor de Latchine.

Les patients gravement malades ne peuvent être évacués vers Erevan que par l’intermédiaire du CICR, ce qui indique une fois de plus l’absence de libre circulation dans le couloir de Latchine. De plus, au début du blocus, au moins un patient gravement malade est décédé en raison de l’impossibilité de son transport à Erevan pour une prise en charge d’urgence. Le fait que de nombreux citoyens de la République ne puissent pas retourner en Artsakh et que des centaines de familles séparées soient privées de la possibilité de se réunir est une autre confirmation du blocus imposé par l’Azerbaïdjan.

Il convient également de noter que lors d’un entretien avec des journalistes azerbaïdjanais à la suite d’une réunion trilatérale avec le Premier ministre arménien Nikol Pashinian et le secrétaire d’État américain Anthony Blinken, le président azerbaïdjanais a fait part de la proposition de Bakou de mettre en place un poste de contrôle dans le couloir de Latchine. Il devient évident d’après ces informations que Bakou avait élaboré ces plans bien avant la mise en place du blocus.

Tous ces faits prouvent clairement qu’en plus de créer des conditions de vie insupportables pour le peuple d’Artsakh, le blocus tend également à réviser les dispositions de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020. Ainsi, l’Azerbaïdjan cherche clairement à légitimer son intention de réviser les dispositions de la déclaration trilatérale. Ces tentatives doivent être résolument empêchées par tous les acteurs impliqués dans la normalisation des relations dans la région. La libre circulation dans le corridor de Latchine doit être rétabli conformément à la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, et sans aucune condition préalable.

Les tentatives de l’Azerbaïdjan d’intervenir dans la vie politique interne de l’Artsakh, ainsi que sa vision du dialogue entre Stepanakert et Bakou, sont également absolument inacceptables pour le Stepanakert. À cet égard, nous rappelons qu’un règlement global du conflit du Karabagh doit être trouvé par le biais de négociations qui garantiront l’égalité des parties dans ce processus et ne contiendront pas de conditions préjugeant de l’issue des négociations. Dans ce contexte, nous estimons nécessaire de rétablir le format de la médiation internationale comme garantie supplémentaire de l’irréversibilité du processus de paix. Nous soulignons une fois de plus que les résultats de l’usage illégal ou de la menace de la force par l’Azerbaïdjan ne peuvent constituer de point de départ pour l’instauration de la paix, de la stabilité et de la sécurité.